dimanche 24 mars 2013








             


            L'apprentissage, un pari sur l'avenir



L'apprentissage est un réel atout pour les jeunes les moins diplômés estime Michel Abhervé, professeur en économie sociale et politiques publiques.
Professeur associé à l'université de Paris-Est Marne la Vallée où il enseigne l'économie sociale et les politiques publiques, Miches Abhervé anime également un blog pour l’Étudiant, sur lequel il décrypte l'actualité de l’apprentissage. Voici son point de vue sur l'apprentissage pour les jeunes les moins diplômés.

Le dernier baromètre Apprentis d'Auteuil-Ipsos sur l'apprentissage réalisé à la fin de l'année 2011 laisse présager une année difficile pour cette formation, puisque 40% des chefs d'entreprises prévoient d'avoir moins recours à l'apprentissage.

Comment expliquer une telle frilosité ?

En matière d'apprentissage, les employeurs français s’intéressent peu au long terme et saisissent surtout les opportunités. Quand la conjoncture est difficile, comme c'est le cas en ce moment, l'apprentissage en fait les frais, car on préfère se concentrer sur le noyau dur de l'entreprise : les employés déjà en poste.

Les apprentis apportent une certaine complexité dans l'entreprise puisqu'ils suivent une formation double : à la fois à l'école et dans le monde du travail. Les choses sont bien diffèrentes en Allemagne où on envisage l'apprentissage comme un pari sur l'avenir. Je crois que cette formation est tout simplement moins bien ancrée culturellement en France. Je ne pense donc pas qu'on puisse transposer le modèle allemand en France, même si on peut essayer de reprendre quelques idées de nos voisins.

Pensez-vous comme Apprentis d'Auteuil que l'apprentissage soit l'une des solutions pour insérer les jeunes les moins diplômés sur le marché de l'emploi ? 

L'apprentissage constitue bel et bien une réponse pour ces jeunes. Cela dit, on est face à un vrai problème. Depuis 2008, l'offre de postes en apprentissage stagne pour ceux qui ont une formation de niveau d'études plutôt élevé.

On se retrouve dans une situation invraisemblable : des jeunes de 22 ans, qui n'ont connu que les petits boulots ou le chômage depuis qu'ils ont quitté l'école sans diplôme ou avec des diplômes type CAP ou BEP, sont mis en concurrence avec des jeunes de 16 à 18 ans qui coûtent moins cher (http://vosdroits.service-public.fr/F10032.xhtml). En effet, au cour de la première année d'apprentissage, un jeune de moins de 18 ans n'est payé qu'à hauteur de 25% du SMIC, alors que celui qui a 21 ans et plus touche 53% du SMIC. Autre raison qui incite les patrons à embaucher des mineurs : ils les croient, parfois à tort, plus "souple".

La restauration en est un parfait exemple : les apprentis y ont en général entre 16 et 19 ans. Arrivés au terme de leur formation, ils se rendent compte qu'ils veulent faire autre chose. Ou bien ils se disent qu'un métier où il faut donner de sa personne le samedi soir n'est peut-être pas fait pour eux. Alors que des jeunes adultes de 22 ans, qui ont un peu plus l'expérience de la vie, sont bien moins refroidis par cet aspect-là. Je rappelle au passage que la restauration est le secteur où il y a le plus de ruptures de contrats. 

Comment promouvoir l'embauche d'apprentis en CAP ou BEP ?

Pour aider ces jeunes de 22-23 ans, il faudrait un vrai changement de mentalité chez les employeurs. La plupart d'entre eux vivent encore avec le mythe du "jeune de 16 ans", maléable, disposé à travailler sans compter, etc.

J'estime en outre qu'il n'y a rien de très intéressant dans les dispositifs financiers actuels. Le dernier en date - la réforme de la taxe sur l'apprentissage - a été conçu pour les grandes entreprises et non pour les MPE. 

Lorsque j'entends que les emoloyeurs sont peu informés sur les mesues relatives à l'apprentissage, dont cette fabuleuse taxe, je suis sceptique.

Quel regard portez-vous sur ce qui a été fait pour l'apprentissage au cours des dernières années ?  

Je retiens des dernières années beaucoup de discours, pour un vrai recul au final. Ce qui me choque le plus, c'est qu'on a souvent nié la réalité des chiffres. On a beaucoup entendu parler des 7% d'augmentation du nombre d'apprentis, chiffre dans lequel on a intégré les contrats de professionnalisation. Le vrai chiffre tourne plutôt autour de 2%. Je crois surtout qu’il faut davantage de continuité dans les politiques publiques.  




....merci pour vos " j'aime " sur notre page facebook ..pertinence rh !


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