samedi 1 juin 2013







    


  Pourquoi les DRH sont-ils si mal aimés ?
                 Propos recueillis par Alexia Eychenne, publié le 13/07/2012

Les salariés attendent d'un DRH écoute et humanité, quand ces derniers se voient surtout comme des stratèges et des négociateurs. 
Sandra Enlart, directrice générale d'Entreprise§Personnel, analyse ce malentendu. 

Les DRH oublient-ils d'être humains ? Un sondage de l'organisme de formation Cegos auprès de salariés laissait récemment entrevoir un tableau sans concessions des directeurs des ressources humaines : près d'un salarié sur deux les jugeaient soumis à la direction, 37% leur reprochaient leur manque de proximité et, surtout, de prise en compte de "l'humain" dans l'entreprise.

Beaucoup attendent d'eux écoute et sens de la communication, quand les DRH se voient surtout comme des stratèges et des négociateurs. Sandra Enlart, directrice générale  d'Entreprise§Personnel, une association qui regroupe une centaine de grandes entreprises autour de l'évolution des ressources humaines, revient sur ce décalage.

Une récente enquête a montré un décalage profond entre les attentes des salariés et la façon dont les DRH conçoivent leur propre rôle. Cela vous étonne-t-il ?

Les résultats du sondage ne sont globalement pas très positifs, mais pas vraiment étonnants nos plus. Ils reflètent l'éternelle tension d'une fonction intégrée à la direction générale, payée par elle, mais aussi chargée d'assurer le bien-être des salariés. Deux attentes paradoxales s'y projettent, ce qui en fait une fonction très différente d'autres postes de l'entreprise, une direction financière pas exemple. Ce décalage lui est inhérent, indentitaire. C'est d'ailleurs ce qui fait sont intérêt et ça ne changera pas. 

Les salariés sont pourtant nombreux à leur reprocher un manque d'attention au "facteur humain".

Les salariés osent dire aux DRH "occupez-vous de moi"

Depuis environ deux ans, la prise en compte de plus en plus grande des risques psycho-sociaux a fait monter des attentes fortes chez les salariés. Ils osent maintenant, dire aux DRH "écoutez-moi, occupez-vous de moi". Mais parallèlement, ces dernières années ont aussi été très difficiles économiquement, et DRH ont été extrêmement sollicités par les directions, pressés de ne plus dépenser un centime. 2009 a quasiment marqué un arrêt des recrutements. Aujourd'hui encore, ce souci et l'anticipation d'une nouvelle crise sont encore très présents dans les entreprises européennes.

37% des DRH se plaignent de devoir parfois agir contre leurs valeurs et leur éthique. Ils ont donc conscience de ces tensions ?

Oui, il y a un coté "schizophrénique" au fait de se retrouver du côté de la direction générale, de travailler pour elle, quand beaucoup viennent à ce poste par souci des personnes.

Comment les DRH en sont-ils venus à perdre le contact avec le terrain, ce que déplore plus d'un quart des salariés ?

Les responsables des ressources humaines sont de moins en moins nombreux, eux qui étaient sur le terrain

On sort d'une période où les DRH ont été de plus en plus perçus comme des gestionnaires, notamment autour du mouvement des DRH business partners.

Et puis la rationalisation de la fonction RH a joué aussi : les responsables des ressources humaines sont de moins en moins nombreux, or c'est eux qui faisaient le travail dans les grandes entreprises, pas les directeurs. Ils font de plus en plus de reporting, entre autres tâches qui s'apparentent parfois plutôt à du contrôle de gestion ou de la direction financière. 

Enfin, la dernière tendance, c'est celle de prendre de moins en moins de risques, juridiques notamment. Le DRH, c'est celui qui applique les nouvelles législations et doit faire en sorte que les opérationnels ne soient pas mis en péril. Résultat, on a supprimé les moments où avaient lieu les relations humaines. Et ça, ça se paye au bout de dix ans. 
 



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